Europe’s Economic Suicide – PAUL KRUGMAN / The New York Times – 17.4.2012


On Saturday The Times reported on an apparently growing phenomenon in Europe: “suicide by economic crisis,” people taking their own lives in despair over unemployment and business failure. It was a heartbreaking story. But I’m sure I wasn’t the only reader, especially among economists, wondering if the larger story isn’t so much about individuals as about the apparent determination of European leaders to commit economic suicide for the Continent as a whole.

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Enviado por

Jorge V. Ordenes L.
Miembro de número de la Academia Boliviana de la Lengua
www. jvordenes.wordpress.com
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JORGE CERBALL nos manda este trabajo:

Samedi, le New York Times a parlé d’un phénomène apparemment en plein essor en Europe : les suicides “par crise économique”, des gens qui mettent fin à leurs jours par désespoir d’être au chômage et d’être en faillite. Cette histoire était déchirante.

Cependant, je suis convaincu de ne pas avoir été le seul lecteur, surtout parmi les économistes, à me demander si cette histoire, plus que sur des individus, ne portait pas plutôt sur l’apparente détermination des dirigeants européens à commettre un suicide économique pour le continent entier.

Il y a quelques mois, j’avais un peu d’espoir pour l’Europe. Vous vous souvenez peut-être qu’à la fin de l’automne dernier l’Europe semblait sur le point de vivre une crise financière ; mais la Banque Centrale Européenne, l’équivalent européen de la Réserve Fédérale, était venue porter secours au Vieux Continent. Elle avait offert aux banques européennes des crédits à durée indéterminée tant que les obligations des gouvernements européens faisaient office de garantie ; cela avait rassuré les banques et indirectement donné du poids aux gouvernements, et avait mis fin à la panique.

Puis la question fut de savoir si cette décision courageuse et efficace marquerait le début d’une refonte plus générale, si les dirigeants européens utiliseraient cette temporisation créée par la banque centrale pour repenser les mesures qui avaient créé cette situation en premier lieu. Mais ils ne l’ont pas fait. Ils ont plutôt redoublé d’efforts quant à leurs mesures et leurs idées inefficaces. Et il devient de plus en plus difficile de croire que quoi que ce soit les fasse changer d’avis.

Examinons ce qui se passe en Espagne, qui est aujourd’hui l’épicentre de la crise. Peu importe que l’on parle de récession ; l’Espagne est en pleine dépression, avec un taux de chômage de 23,6%, comparable à celui de la Grande Dépression en Amérique, et le chômage des jeunes dépasse les 50%. On ne peut pas continuer ainsi – et c’est précisément cette prise de conscience que tout ceci ne peut pas durer qui fait encore grimper les taux d’emprunts espagnols. En un sens, il n’est pas très important de savoir comment l’Espagne en est arrivée là – mais pour ce que ça vaut, l’histoire espagnole ne ressemble en rien à la morale des fables si populaires parmi les dirigeants européens, notamment en Allemagne. L’Espagne n’était pas dépensière fiscalement parlant – la veille de la crise, elle avait un faible taux d’endettement ainsi que des excédents budgétaires. Malheureusement, elle vivait également une gigantesque bulle immobilière, une bulle rendue possible en grande partie par les prêts faramineux accordés aux banques espagnoles par leurs collègues allemandes. Lorsque la bulle a éclaté, l’économie espagnole s’est retrouvée exsangue ; les problèmes fiscaux de l’Espagne sont la conséquence de la dépression, pas la cause. Néanmoins, l’ordonnance de Berlin et Francfort est, vous l’aurez deviné, encore plus d’austérité fiscale.

Si l’on ne mâche pas ses mots, c’est simplement de la folie. L’Europe vient de vivre plusieurs années de programmes d’austérité drastique et les résultats sont exactement ceux qui étaient attendus par les étudiants en histoire : de telles mesures enfoncent davantage les pays déprimés dans une dépression économique. Et puisque les investisseurs se basent sur l’économie d’un pays lorsqu’ils évaluent sa capacité de remboursement de ses dettes, les programmes d’austérité n’ont même pas fonctionné pour réduire les coûts d’emprunt.

Quelle peut-être l’alternative? Eh bien, dans les années 1930, une époque que l’Europe moderne se met à rejouer dans les moindres détails, la condition essentielle pour la relance était de sortir de l’étalon or. L’équivalent aujourd’hui serait de quitter l’euro et de revenir aux monnaies nationales. L’on pourrait dire que c’est inconcevable et cela serait, en effet, un événement hautement perturbateur, aussi bien sur le plan économique que politique. Mais continuer ainsi, en imposant une austérité toujours plus drastique à des pays qui souffrent déjà d’un chômage digne de la Grande Dépression, c’est tout simplement inimaginable.

Ainsi, si les dirigeants européens voulaient vraiment sauver l’euro, ils chercheraient une alternative. Et la forme que pourrait prendre cette alternative est relativement claire. Le Vieux Continent a besoin de mesures monétaires expansionnistes, sous la forme d’une volonté, clairement affichée, de la part de la Banque Centrale Européenne d’accepter une inflation plus importante ; il a besoin de davantage de mesures fiscales expansionnistes sous la forme de budgets en Allemagne qui compenseraient l’austérité en Espagne et dans d’autres pays troublés en périphérie du Vieux Continent, plutôt que de la renforcer. Même avec de telles mesures, les états européens secondaires seraient face à des années de difficultés. Mais il y aurait, au moins, un espoir de relance.

Cependant, nous assistons plutôt à une inflexibilité totale. En mars, les dirigeants européens ont signé un pacte fiscal qui, dans les faits, impose l’austérité fiscale comme la réponse à tous les maux. Pendant ce temps, les dirigeants de la banque centrale mettent un point d’honneur à mettre l’accent sur la volonté des banques de relever les taux au moindre signe d’augmentation de l’inflation.

Il est donc difficile d’éviter un profond sentiment de désespoir. Plutôt que d’admettre qu’ils se sont trompés, les dirigeants européens semblent déterminés à faire tomber leur économie – et leur société – d’une falaise. Et c’est le monde entier qui en paiera le prix.

Paul Krugman

A continuación sigue el artículo de Krugman en inglés:
Just a few months ago I was feeling some hope about Europe. You may recall that late last fall Europe appeared to be on the verge of financial meltdown; but the European Central Bank, Europe’s counterpart to the Fed, came to the Continent’s rescue. It offered Europe’s banks open-ended credit lines as long as they put up the bonds of European governments as collateral; this directly supported the banks and indirectly supported the governments, and put an end to the panic.
The question then was whether this brave and effective action would be the start of a broader rethink, whether European leaders would use the breathing space the bank had created to reconsider the policies that brought matters to a head in the first place.
But they didn’t. Instead, they doubled down on their failed policies and ideas. And it’s getting harder and harder to believe that anything will get them to change course.
Consider the state of affairs in Spain, which is now the epicenter of the crisis. Never mind talk of recession; Spain is in full-on depression, with the overall unemployment rate at 23.6 percent, comparable to America at the depths of the Great Depression, and the youth unemployment rate over 50 percent. This can’t go on — and the realization that it can’t go on is what is sending Spanish borrowing costs ever higher.
In a way, it doesn’t really matter how Spain got to this point — but for what it’s worth, the Spanish story bears no resemblance to the morality tales so popular among European officials, especially in Germany. Spain wasn’t fiscally profligate — on the eve of the crisis it had low debt and a budget surplus. Unfortunately, it also had an enormous housing bubble, a bubble made possible in large part by huge loans from German banks to their Spanish counterparts. When the bubble burst, the Spanish economy was left high and dry; Spain’s fiscal problems are a consequence of its depression, not its cause.
Nonetheless, the prescription coming from Berlin and Frankfurt is, you guessed it, even more fiscal austerity.
This is, not to mince words, just insane. Europe has had several years of experience with harsh austerity programs, and the results are exactly what students of history told you would happen: such programs push depressed economies even deeper into depression. And because investors look at the state of a nation’s economy when assessing its ability to repay debt, austerity programs haven’t even worked as a way to reduce borrowing costs.
What is the alternative? Well, in the 1930s — an era that modern Europe is starting to replicate in ever more faithful detail — the essential condition for recovery was exit from the gold standard. The equivalent move now would be exit from the euro, and restoration of national currencies. You may say that this is inconceivable, and it would indeed be a hugely disruptive event both economically and politically. But continuing on the present course, imposing ever-harsher austerity on countries that are already suffering Depression-era unemployment, is what’s truly inconceivable.
So if European leaders really wanted to save the euro they would be looking for an alternative course. And the shape of such an alternative is actually fairly clear. The Continent needs more expansionary monetary policies, in the form of a willingness — anannounced willingness — on the part of the European Central Bank to accept somewhat higher inflation; it needs more expansionary fiscal policies, in the form of budgets in Germany that offset austerity in Spain and other troubled nations around the Continent’s periphery, rather than reinforcing it. Even with such policies, the peripheral nations would face years of hard times. But at least there would be some hope of recovery.
What we’re actually seeing, however, is complete inflexibility. In March, European leaders signed a fiscal pact that in effect locks in fiscal austerity as the response to any and all problems. Meanwhile, key officials at the central bank are making a point of emphasizing the bank’s willingness to raise rates at the slightest hint of higher inflation.
So it’s hard to avoid a sense of despair. Rather than admit that they’ve been wrong, European leaders seem determined to drive their economy — and their society — off a cliff. And the whole world will pay the price.

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